Quand on est en France, ce n’est pas facile d’avoir accès à des natifs nippons pour discuter avec nous, et donc d’améliorer son japonais oral. La plupart d’entre nous n’habite pas à Paris, et même pour les franciliens, il n’est pas forcément possible de discuter avec des Japonais tous les jours.
Alors quelles sont les ressources à notre disposition pour améliorer son japonais à l’oral, sans toutefois être au Japon ou en présence de Japonais ?
Évidemment, vous pouvez vous entrainer à parler tout(e) seul(e). A défaut d’avoir quelqu’un pour corriger vos fautes, cela vous forcera tout de même à formuler vos propres phrases et à mettre des mots les uns derrière les autres pour exprimer vos pensées. C’est un exercice que je vous recommande quand vous êtes en voiture par exemple. Rentabilisez ce temps perdu dans les transports pour vous entrainer à vous exprimer en japonais, et mettre en pratique vos connaissances grammaticales.
Mais est-ce qu’il n’y aurait pas un moyen encore plus efficace que de développer une schizophrénie ? ♪
Le Shadowing
Nani ?
Vous n’avez jamais entendu parler de « shadowing » ? C’est normal. Pendant une bonne partie de mes études de japonais, je ne connaissais pas non plus ce concept. Et pourtant je l’appliquais déjà sans le savoir.
Le mot « shadowing » veut dire « filature » en anglais. Et cela résume plutôt bien le concept.
Il s’agit tout simplement de répéter à voix haute des mots ou des phrases dans une langue étrangère, avec l’accent et l’intonation les plus proches possible de l’original.
Dit comme ça, ça parait simple. Mais avez-vous déjà réellement essayé de le faire ?
Je suis sûre qu’il vous arriver d’imiter votre personnage d’animé préféré [Omae wa mou shindeiru.], ou chanté le refrain d’une chanson japonaise que vous adorez [Oshiete, oshiete ♪].
Ça rentre dans la catégorie « shadowing ».
J’ai moi-même fait ça pendant de nombreuses années, et c’est ce qui m’a permis d’acquérir une aisance à l’oral plus poussée que les autres personnes ayant le même niveau de connaissances que moi. Lors de mes études au Japon, j’étais l’une des meilleures de ma classe à l’oral, mais pas forcément la plus forte en grammaire. Je pouvais faire des phrases simples, mais je n’hésitais pas sur les mots et j’avais une relativement bonne intonation. Ça me donnait des airs de fille bilingue, alors qu’en fait je baragouinais toujours les mêmes phrases ☆
Seulement pour pouvoir réellement progresser, il ne suffit pas de se contenter de ça. Il faut pousser notre démarche un peu plus loin, et c’est ce que je vous propose aujourd’hui.
Comment puis-je réellement améliorer mon oral ?
Déjà, n’apprenez pas le japonais avec les animés. J’ai un article en préparation à ce sujet qui vous expliquera en détail pourquoi c’est une très mauvaise idée de répéter tout ce qu’on entend dans les dessins-animés japonais. Vous finirez par parler comme une adolescente-chat, ou comme un ninja des forêts. Plutôt cool, mais pas vraiment utile dans la vraie vie 😉
Je vous conseille plutôt d’utiliser la méthode « Shadowing Let’s speak Japanese ! » que vous pouvez commander sur Amazon.
Jusqu’à il y a peu de temps, elle était disponible gratuitement sur YouTube mais la maison d’édition a repris ses droits… (^^ »).
Cette méthode offre des dialogues de la vie quotidienne, avec un niveau de langue très naturel. Elle se divise en deux manuels, le premier couvrant les niveaux débutant-intermédiaire, et le deuxième étant pour les niveaux avancés. Même si vous avez déjà un très bon niveau de japonais, je vous recommande de commencer par le premier si vous n’avez jamais fait de Shadowing. Il est important de bien acquérir les bases avant d’entamer la suite. Le niveau du deuxième livre est vraiment élevé et les dialogues sont rapides.
Comment utiliser cette méthode ?
Le livre nous donne plusieurs recommandations pour avoir des résultats optimaux :
- L’utiliser 10mn par jour. Pas besoin d’en faire plus, mais il faut être régulier pour réellement progresser. En faire 1 fois 1h par semaine ne sert pas à grand-chose. C’est comme pour tout : il vaut mieux en faire peu, mais plus souvent.
- Lire le dialogue (en général il s’agit seulement de 2 phrases), le comprendre, puis l’écouter
- Répéter d’abord le dialogue dans votre tête, sans parler. Puis, une fois que vous le maitrisez bien, le répéter à voix haute
- Réécouter le dialogue et le répéter à nouveau à voix haute. Comparer si notre intonation ressemble bien à l’originale (utiliser un téléphone pour vous enregistrer peut être un plus ! 😀 )
- Répéter le dialogue en même temps que le CD, jusqu’à ce que vous le maitrisiez parfaitement
Vous n’êtes bien sûr pas obligé(e) de faire tout ça durant la même session. Vous pouvez répartir ces exercices sur plusieurs jours, c’est même encore mieux car ça vous forcera à retravailler le même dialogue plusieurs fois, et ainsi contempler vos progrès.
Car oui, je vous le garantis, si vous suivez cette méthode vous allez progresser, et pas qu’un peu !
Pourquoi vous devriez faire le perroquet
De même qu’un perroquet apprend par cœur les phrases que ses humains lui répètent à longueur de journée, vous finirez par connaître sur le bout des doigts les dialogues que vous aurez écouté en boucle. Vous saurez donc où placer les intonations, et vous sonnerez donc beaucoup moins « gaijin ». C’est donc tout l’intérêt de faire du Shadowing avec des dialogues de la vie quotidienne, et non pas répéter des attaques de Super Saiyan (sauf si c’est vraiment votre truc et que ça vous fait kiffer ! 😉 ).
En vous mettant en scène dans des situations courantes comme les magasins, le restaurant, ou tout simplement savoir se présenter, vous êtes certains d’avoir à utiliser ces connaissances une fois sur place. Le fait de s’être déjà entrainé à dire ces phrases quand vous êtes en France vous aidera à les placer dans vos conversations au Japon, et elles sortiront de manière beaucoup plus naturelle que si vous ne les aviez jamais prononcées.
De plus, vous allez forger votre oreille à la sonorité de la langue japonaise, et vous finirez par remarquer les deux registres de ton en japonais (haut et bas). C’est une histoire un peu complexe que je ne détaillerai pas ici, mais si ça vous intéresse d’en savoir plus, faites-le moi savoir dans les commentaires !
La tonalité haut/bas en japonais est très subtile et complexe, et même en vivant 30 ans au Japon, vous ne la maitriserez jamais complètement. Il y aura toujours des mots qui, prononcés par nos bouches d’Occidentaux, ne sonneront pas comme un natif. Et ce n’est pas grave ! Le japonais n’est pas votre langue maternelle (enfin je suppose ? sinon vous ne seriez sans doute pas en train de lire ces lignes 😉 ), et on ne vous le reprochera jamais. Faire l’effort d’apprendre une langue aussi compliquée est déjà admirable en soi, alors ne soyez pas trop sévère envers vous-mêmes.
J’attends vos retours sur cet article dans les commentaires, et partagez-nous toutes vos astuces pour améliorer son japonais, ça aide les autres apprenants à progresser 😀
6 commentaires
Charlotte
J’ai déjà essayé cette méthode, c’est super parce qu’elle est vraiment complémentaire des autres… on oublie souvent de travailler l’oral alors que dans l’apprentissage d’une langue c’est fondamental.
Jeanne Ferrer
J’ai une appli qui nous fait repeter les phrases et nous commente si c’est bon ou pas . Mais j’ai peur qu’en ayant une « vrai » personne cela ne se passera pas pareil . ?
Magali G
Comme M. Jourdain, je faisais du « shadowing » sans le savoir.
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Delph'
Le shadowing ! C’est exactement ce qu’il me manquait mais je ne savais pas que ça existait… Alors, après avoir lu ton article, j’ai commandé le livre au père Noël !
C’est très bien conçu: plusieurs unités de niveau croissant, chaque unité contient 10 sections, chaque section 10 duos de phrases (souvent questions/réponses). J’ai commencé semaine 1. On est semaine 3 donc section 3! Ma résolution 2023!
Mille fois merci Sophie pour ton conseil. Alors en attendant mon résultat du JLPT5, 日本語を話そう!