Quand on évoque Kyôto, c’est synonyme de ville historique avec entre autres ses magnifiques sites historiques et religieux. Chaque année, l’ancienne capitale du Soleil Levant accueille de plus en plus de touristes en quête du Japon « authentique ». Pour autant, nombre de voyageurs occidentaux ne savent pas différencier le temple du sanctuaire. Hormis une architecture et une religion distinctes, la différence est aussi notable à la fin du nom du site. En effet, les temples sont bouddhistes et finissent pour la majorité d’entre eux en « ji » ou « dera ». Le kanji de 寺 (てら/でら、tera/dera ou じ、ji), signifie tout simplement « temple ». Sans plus attendre, voici le top 5 des temples les plus connus à Kyôto !
1. Le Kinkaku-ji, le temple le plus connu de Kyôto
Le Pavillon d’Or, en bref
Le Kinkaku-ji (金閣寺、きんかくじ) traduit par « Pavillon d’Or » est un temple zen un peu excentré, au nord-ouest de Kyôto :
- 金 le kanji de « l’or » ;
- 閣 le « palais », « la tour », « grand bâtiment » ;
- 寺 pour « temple ».
Son nom officiel, bien moins connu, est « Rokuon-ji » (鹿苑寺、ろくおんじ). Celui-ci signifie « le temple du jardin des cerfs ». Il est le symbole de Kyôto (京都、きょうと). Il est donc un incontournable de l’ancienne capitale du Japon, bien que sa visite soit relativement courte. D’ailleurs, vous ferez uniquement le tour du lac par le jardin, car vous ne pouvez pas rentrer dans le bâtiment du Kinkaku-ji.
Vous vous en doutez sûrement : ce n’est pas un bâtiment taillé dans de l’or, mais qui est recouvert de feuilles d’or. L’avantage avec ce procédé, c’est que cela nécessite très peu d’or pour les fabriquer, tout en octroyant un effet « riche et puissant » à l’édifice. Les rayons du soleil qui frappent directement le Kinkaku-ji amplifient donc cette couleur dorée. Ce le rend d’autant plus impressionnant et lumineux, lui donnant un aspect presque divin.
Petite histoire du Kinkaku-ji
Avant d’être le fameux Pavillon d’Or qu’on connaît aujourd’hui, le terrain appartenait au clan des Saionji (西園寺族、さいおんじ). Il comportait un temple et une villa. Suite à la déchéance de la famille, plus rien n’était entretenu et donc laissé dans un état pitoyable vers la fin du XIVe siècle. Ashikaga Yoshimitsu (足利義満、あしかがよしみつ), alors shôgun de l’époque (将軍、しょうぐん), décida d’abdiquer en faveur de son fils, Yoshimochi (義持、よしもち).
L’ex-shôgun racheta donc le terrain des Saionji pour y construire sa résidence de retraite, qui accueillit des reliques bouddhistes. Il y développa la Kitayama Bunka (北山文化、きたやまぶんか), que l’on pourrait traduire par « la culture de la montagne du Nord ». Uniquement destinée à l’aristocratie japonaise, elle mélangeait différentes disciplines artistiques, religieuses et martiales qui n’étaient réservées auparavant qu’aux nobles et qu’aux samurai (侍、さむらい). À sa mort, son fils exécuta ses dernières volontés en transformant la demeure en temple zen, qu’il nomma « Rokuon-ji ». Lors de la guerre civile d’Ônin (応仁の乱、おうにんのらん), tous les bâtiments annexes brûlèrent.
Même s’il survécut, le Kinkaku-ji-même finit par être incendié par un jeune moine atteint de schizophrénie en 1950. Le Pavillon d’Or actuel que vous pouvez visiter n’est donc pas l’authentique bâtiment, bien qu’il ait été reconstruit à l’identique en 1955. Il est inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1994.
Informations pratiques sur le Kinkaku-ji
- Tarifs : Adulte 400 ¥ / Enfant 300 ¥
- Horaires : Tous les jours 9h-17h
- Bus : 101 et 205 en départ de la gare centrale de Kyôto. De toute façon, vous ne pouvez pas vous tromper, les indications sont écrites en anglais… et les touristes prennent d’assaut les bus, car le Kinkaku-ji est tellement populaire !
Si vous êtes au Ginkaku-ji et souhaitez vous rendre au Kinkaku-ji, vous pourrez prendre soit le bus 102 ou 204.
- Site officiel : https://www.shokoku-ji.jp/en/kinkakuji/about/
2. Le Ginkaku-ji, petit frère du Kinkaku-ji
Le Pavillon d’Argent, en bref
Le Ginkaku-ji (銀閣寺、ぎんかくじ), ou « Pavillon d’Argent », est plus modeste dans son architecture que le Kinkaku-ji, mais présente un magnifique jardin zen, ainsi qu’un jardin moussu. Il est tout autant visité que son grand frère, bien que le nom de « Pavillon d’Argent » fasse moins prestigieux que « Pavillon d’Or » :
- 銀 le kanji de « l’argent » (on parle ici du métal et non de la monnaie) ;
- 閣 le « palais », « la tour », « grand bâtiment » ;
- 寺 pour le « temple ».
Petite histoire du Ginkaku-ji
Quelle est la meilleure façon de démontrer sa puissance et sa richesse ? En construisant de belles bâtisses. Et si possible, mieux que ses prédécesseurs ! Ashikaga Yoshimasa (足利義政、あしかがよしまさ), petit-fils de Yoshimitsu décida donc de construire sa résidence de retraite en 1482 dans l’est de Kyôto. Une couche d’argent devait recouvrir l’édifice, mais ne le fut jamais à cause de la guerre d’Ônin. Les travaux prirent énormément de retard lors de cet événement sanglant.
La légende raconte que Yoshimitsu passait son temps à contempler ses jardins alors que la bataille faisait rage à Kyôto. Il se reconvertit par la suite en moine bouddhiste zen. Sa résidence devint un temple bouddhiste, que l’on renomma « Jishô-ji » (慈照寺、じしょうじ). Le wabi-sabi (侘寂、わびさび), concept où l’on trouve de la beauté dans la simplicité et l’imperfection, représente à merveille le Ginkaku-ji.
Par ailleurs, le Pavillon d’Argent était le centre de la Higashiyama Bunka (東山文化、ひがしやまぶんか) ou « la culture de la montagne de l’Est ». Contrairement à celle de son grand-père, celle-ci était ouverte à tous. Elle regroupait diverses disciplines telles que la poésie, la cérémonie du thé dite « Chadô » (茶道、ちゃどう), l’Ikebana (生け花、いけばな), le Nô (能、のう)…
À sa mort, sa résidence fut transformée en temple, comme il le souhaitait. Le Pavillon d’Argent est le bâtiment d’origine, il survécut à toutes les péripéties géologiques et guerres de Kyôto. En 1994, le Ginkaku-ji fut inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco.
Petites notes :
- On raconte que les Japonais préfèrent le Pavillon d’Argent au Pavillon d’Or de par son aspect plus modeste. Ce n’est donc pas pour rien qu’il est un des temples les plus connus à Kyôto.
- L’édifice Tôgu-dô (東求堂、とうぐどう) est lui aussi un rescapé miraculé. Il contient une salle de cérémonie du thé, et serait apparemment LE prototype des salles de cérémonie du thé.
Informations pratiques sur le Ginkaku-ji
- Tarifs : Adulte 500 ¥ / Enfant 300 ¥
- Horaires : 8h30-17h de mars à novembre
9h-16h30 de décembre à février
- Bus : 5, 17 ou 100 depuis la gare de Kyôto
- Site officiel : https://www.shokoku-ji.jp/en/ginkakuji/about/
3. Kiyomizu-dera
Le Kiyomizu-dera, en bref
Le Kiyomizu-dera (清水寺、きよみずでら) est un complexe bouddhique figurant sur de nombreuses cartes postales de Kyôto. IL est dédié à la déesse de la compassion, Kannon (観音、かんのん). Très connu et victime de son succès, le Kiyomizu-dera posséderait une eau qui apporterait jouvence et bonne santé à la personne qui la boirait. Armez-vous de patience, car vous ne serez pas les seuls à vouloir le faire !
Longtemps en travaux, de nombreux touristes en sont repartis déçus. La vue y est pourtant magnifique (quand ce n’est pas en travaux, bien sûr) depuis la terrasse du temple qui s’élève à 15 mètres de hauteur. Pendant l’époque des Sakura (桜、さくら) ou du Momiji (紅葉、もみじ), c’est fantastique. Kiyomizu-dera se traduirait par « le temple de l’eau pure » :
- 清 pour « pur » ;
- 水 est le kanji de l’eau ;
- 寺 pour « temple ».
Dans l’enceinte du temple, il y a également un sanctuaire shintô, le Jishu-jinja (自主神社), dédié à l’amour et aux rencontres.
Petite histoire du Kiyomizu-dera
Il aurait été construit en 778 par le général et shôgun Sakanoue no Tamuramaro (坂上田村麻呂、さかのうえのたむらまろ). Les bâtiments actuels datent de 1633, reconstruits sur ordre de Iemitsu Tokugawa (徳川家光、とくがわいえみつ), shôgun de l’époque. Le nom de Kiyomizu-dera découle de sa cascade, Otowa (音羽の滝、おとわのたき).
Petite note : Les japonais ont aussi une expression qui veut dire « se jeter à l’eau » ! Celle-ci se traduit par « se jeter du Kiyomizu-dera » : 「清水寺の舞台から飛び降りる。」(きよみずのぶたいからとびおりる。Kiyomizu-dera no butai kara tobioriru). Elle daterait de l’ère d’Edo (江戸時代、えどじだい) : la personne verrait son souhait s’accomplir si elle sautait et survivait à la chute depuis la terrasse du temple. Rassurez-vous, la pratique est maintenant interdite. Vous ne verrez donc personne se jeter du temple pour réaliser son vœu !
Informations pratiques sur le Kiyomizu-dera
- Tarif : 400 ¥
- Horaires : 6h-18h en général (peut varier selon les saisons)
- Bus : 100 ou 206 depuis la station de Kyôto
- Site officiel : https://www.kiyomizudera.or.jp/en/
4. Le Sanjûsangendô et ses mille et une statues de Kannon
Le Sanjûsangendô, en bref
Le Sanjûsangendô (三十三間堂、さんじゅうさんげんど) signifie « le hall des 33 intervalles », du fait des 33 intervalles entre les piliers du temple. C’est également un chiffre associé à la déesse Kannon, qui aurait 33 formes. Mais ce n’est pas tout : la route de pèlerinage en son honneur comporte également 33 arrêts !
Le Sanjûsangendô est aussi appelé Renge-ô-in (蓮華王院 、れんげおういん), se traduisant par « le hall du dieu du Lotus ». Il est connu pour accueillir 1 001 statues de la déesse Kannon… rien que ça ! Celles-ci sont construites en bois et recouvertes de feuilles d’or. Si on les regarde de plus près, on s’aperçoit que chacune est différente et de taille humaine. La plus grande statue trône au centre, assise sur son grand lotus.
Malheureusement pour les touristes, prendre des photos ou des vidéos est interdit.
Petite histoire du Renge-ô-in
En 1164, le seigneur de guerre Taira no Kiyomori (平清盛、たいらのきよもり) fit construire le Sanjûsangendô. Il fut reconstruit un siècle après, suite à un incendie. Sur ce nombre incroyable de statues, seulement 124 d’entre elles ont survécu à l’incendie qui a décimé le temple.
Vous reconnaîtrez sans doute parmi les 28 gardiens devant les statues de Kannon, les divinités suivantes :
- Raijin (雷神、らいじん), le dieu du tonnerre, avec ses tambours ;
- Fûjin (風神、ふうじん), le dieu du vent, avec son sac rempli d’air.
Le temple fait désormais partie des trésors nationaux du Japon.
Petite note : Depuis l’époque d’Edo, on célèbre devant le Renge-ô-in, le Tôshiya (通し矢 、とおしや), littéralement la « flèche qui passe ». Tous les ans, un concours de tir à l’arc se tient le 15 janvier.
Informations pratiques sur le Sanjûsangendô
- Tarif : 600 ¥
- Horaires : 8h30-17h du 1er avril au 15 novembre
9h-16h du 16 novembre au 31 mars - Bus : 101, 206, 208
- Train : Ligne Keihan, descendre à Shichijô
- Site officiel : http://sanjusangendo.jp/
5. Le Tenryû-ji, LE temple phare d’Arashiyama
Le Tenryû-ji, en bref
Le Tenryû-ji (天龍寺、てんりゅうじ) est le temple le plus connu d’Arashiyama (嵐山、あらしやま) et se traduirait par « le temple du dragon céleste » :
- 天 pour « les cieux » ;
- 竜 pour « dragon » ;
- 寺 pour « temple ».
Vous pouvez voir un dragon des nuages peint sur le plafond dans le hall Dharma, là où se tiennent toutes les cérémonies importantes du temple. Il n’est malheureusement pas ouvert tous les jours, vous devrez donc vous renseigner pour savoir quand il l’est.
Petite histoire du Tenryû-ji
Il y avait un autre temple avant le Tenryû-ji, le Danrin-ji (檀林寺、だんりんじ). Ce dernier fut fondé au IXe siècle par Tachibana no Kachiko (橘嘉智子、たちばなのかちこ), épouse de l’empereur Saga (嵯峨天皇、さがてんのう). Premier temple zen du Japon, il tomba en ruine par la suite et fut transformé en résidence d’été, nommée « Kameyama » (亀山、かめやま), « la montagne-tortue » par l’empereur Go-Saga (後嵯峨天皇、ごさがてんのう).
Ce furent le shôgun Ashikaga Takauji (足利尊氏、あしかがたかうじ) et le moine Musô Soseki (夢想礎石、むそうそせき) qui firent construire le Tenryû-ji en 1339. On raconte que Takauji l’aurait fait bâtir en l’honneur de l’empeur Go-Daigo (後醍醐天皇、ごだいごてんのう), dans le but d’apaiser son esprit. En fait, tous les deux étaient de vieux alliés, mais le shôgun finit par le trahir pour asseoir son pouvoir au sein de Kyôto.
Les bâtiments que vous pouvez observer ne sont pas d’époque, car ils ont été plusieurs fois ravagés par les flammes. La plupart datent donc du XIXe siècle, à l’exception du jardin qui est le seul survivant du site, et est donc resté « intact » depuis sa création.
Le Tenryû-ji est inscrit au patrimoine de l’Unesco depuis 1994.
- Pourquoi un dragon céleste figure-t-il dans le nom du temple ? Il y a plusieurs légendes sur ce sujet. Takauji aurait fait un rêve où il aurait vu un dragon en colère émerger de l’eau d’Arashiyama. Cette créature fantastique symboliserait en fait l’âme de l’empereur, d’où la construction du temple pour apaiser la rage du défunt.
- Une autre légende stipule que le frère du shôgun aurait rêvé d’un dragon doré émergeant de la rivière au sud du temple, qui se serait ensuite envolé dans les cieux.
Informations pratiques sur le Tenryû-ji
- Tarifs : Jardin : Adulte 500 ¥ / Enfant 300 ¥
Bâtiments : 100 ¥ en plus - Horaires : 8h30-17h30 au printemps et en été
9h-16h en automne et en hiver - Train : En partant de la station de Kyôto, sur la ligne JR Sagano, en direction de Kameoda et descendre à JR Saga-Arashiyama.
Si vous êtes près d’Omiya, prendre la ligne Keifuku, et descendre à Arashiyama.
- Site officiel : http://www.tenryuji.com/en/
Ces sites sont 5 des temples les plus connus à Kyôto. Bien qu’ils soient incontournables et extrêmement populaires, cela ne veut pas dire qu’ils sont les plus beaux. C’est surtout une affaire de goûts. Oui, de nombreux petits temples plus modestes et méconnus des touristes n’attendent que vous ! Vous pourrez en profiter en toute quiétude, sans être bousculé par la horde de voyageurs venus faire leurs plus beaux selfies…
Dernière petite précision, lorsque vous souhaitez visiter un temple, n’y allez pas au dernier moment. En effet, vous avez pu voir dans la partie « informations pratiques » que nombre d’entre eux ferment leurs portes vers 16-17 h. Il serait donc dommage d’avoir planifié une visite en fin d’après-midi pour se retrouver devant, sans possibilité de le visiter à cause des horaires…
Avez-vous visité ces temples, et si oui, les recommanderiez-vous ?
Pour ceux qui ne s’y sont jamais rendus : voudriez-vous visiter ces sites, bien que très touristiques ?
Article écrit par Leïla Casarin
7 commentaires
Romain
Merci Sophie! Cela m’as donné envie de visiter ces temples !
Esther
Bonjour Sophie, ton blog est whaouh! Je suis deja au japon grace a toi, et jaime le japonais😊😊,merci de nous faire decouvrir le kinkaku-ji, la petite histoire de Ginkaku- ji, je suis deja mordu, impossible de m’echapper ,cest cool!
Sophie Blanchard Willocquet
Bonjour Sophie. Merci pour ton article qui m’a rappelé mon voyage de l’été dernier, à l’occasion de ma lune de miel ! Un très beau pays à visiter. Je dirais qu’il n’y a pas un mais plusieurs Japon. Il est donc difficile de ne pas y trouver son bonheur. Au plaisir.
Magali
Bonjour,
Superbe article très riche que je viens de donner à lire à mon ado totalement fan de mangas. Comme nous choisissons à tour de rôle la destination des prochaines vacances et que son tour est arrivé, ce sera le Japon.
Puisque c’est son choix, je lui demande de commencer à lister les lieux à visiter. Ton article tombe du coup à pile :)))
Magali
Nicolas
Superbe cet article ! Pour quelqu’un vraiment attiré par la culture japonaise comme moi, c’est ressentir d’un peu plus prés toute la culture de ce pays qui me fascine. Merci encore pour cet article !!
Jean katherine
Le Mont Koya est un site magique dans lequel il faut se plonger de toute son âme et le laisser ainsi vous absorber
Mélina
Merci d’avoir partagé ces lieux magnifiques impossible de choisir tellement la diversité de cette culture est belle.