les femmes mangakas existent aussi

Être une femme mangaka, c’est possible ?

Sur mon compte Instagram, je vous ai proposé des petits quiz, les avez-vous vus ? Je voulais savoir si vous connaissiez quelques Japonaises célèbres. Le Japon est une société encore très patriarcale, où les femmes sont poussées à chercher un mari avant 30 ans et à quitter leur emploi lorsqu’elles fondent une famille. Malgré les obstacles, certaines d’entre elles parviennent pourtant à s’épanouir dans des domaines très variés : politique, sport, business, art…

On pourrait penser que le monde de la pop culture et du manga laisserait une grande place aux artistes féminines pour s’exprimer. Pourtant, en réalité, il s’agit d’un univers très masculin et où les aspirantes mangaka ont eu longtemps (et ont encore) du mal à se faire une place.

Voilà pourquoi aujourd’hui je tenais à vous présenter des femmes mangaka qui ont su inspirer les lecteurs de tous genres et de tous âges grâce à leurs histoires et leur fabuleux coup de crayon.

Mangaka féminines célèbres

Les pionnières du manga

Leurs noms ou ceux de leurs œuvres ne vous sont peut-être pas familiers, mais c’est grâce à ces pionnières que le manga féminin (shôjo) a pu voir le jour et que les femmes se sont vu donner une chance de créer des séries populaires au même titre que leurs collègues masculins.

👑 Year 24 (Moto Hagio, Yumiko Ōshima, and Keiko Takemiya)

Year 24 est un cas un peu spécial ; il s’agit d’un groupe de mangaka exclusivement féminin formé dans les années 70. Ce sont un peu les reines du shôjo manga, les « mamans » de toutes les femmes mangaka qui viendront ensuite !

🐼 Rumiko Takahashi 

Rumiko Takahashi nous a offert l’excellente série de manga Ranma ½, mais pas que ! Elle a créé de nombreuses comédies et romances (Maison ikkoku, Lamu, Inu Yasha…) avec des héros masculins et foule de personnages mémorables et attachants très populaires auprès des deux sexes.

🌙 Naoko Takeuchi 

Sailor Moon est un manga culte des années 80, qui a su ravir le cœur des hommes comme des femmes en proposant une héroïne pleine de défauts, mais courageuse. De nombreuses « magical girls » naitront suite au succès de l’œuvre de Naoko Takeuchi. Encore aujourd’hui, de nombreux produits dérivés, comédies musicales, cafés éphémères, collaborations avec des marques de luxes, réutilisent la figure de Sailor Moon.

🌹 Riyoko Ikeda 

La créatrice de La Rose de Versailles, qui a aujourd’hui 75 ans, est aussi comédienne, autrice, chanteuse… Intéressée par la philosophie, mais également par la politique, voilà une femme japonaise qui a révolutionné les thématiques abordées par le Shôjo manga et osé traiter de l’ambiguïté des genres et des sexualités.

riyoko Ikeda et Lady oscar
L’autrice avec des cosplayeuses – ©Rico Shen

♣️ CLAMP (Satsuki Igarashi, Apapa Mokona, Tsubaki Nekoi, Ageha Ohkawa)

CLAMP est encore un groupe de mangaka exclusivement féminin, formé cette fois dans les années 80. Les quatre talentueuses femmes ont créé une véritable esthétique et de nombreux mangas à succès tels que Cardcaptor Sakura, xxxHolic, Chobits, Tsubasa ou encore Code Geass.

Femme mangaka aujourd’hui

🎵 Posuka Demisu 

La discrète et talentueuse dessinatrice collabore avec le scénariste Kaiu Shirai (qui dissimule son identité et dont le genre est donc inconnu) sur la série Promised Neverland. Un grand succès de ces dernières années.

🐰 Paru Itagaki 

Vous avez raté le phénomène Beast Star ? Il n’est jamais trop tard pour vous rattraper ! Son autrice, Paru Itagaki à fait une entrée fracassante dans l’univers du manga avec cette histoire adaptée en anime et diffusée sur Netflix. 

Beast star adapté sur Netflix
©Beast Star – Netflix

🦾 Hiromu Arakawa 

De son vrai nom Hiromi Arakawa, elle est la créatrice du manga Silver Spoon, mais aussi du très célèbre Full Metal Alchemist. Une œuvre shônen qui a marqué des générations et a été adaptée deux fois en animation. Un « must see » !

Femme mangaka : la dure réalité du métier

Les premiers manga parus dans un Japon d’après-guerre étaient conçus en grande majorité pour un public masculin et réalisés par des auteurs masculins. À cette époque, l’inclusion de personnages féminins et de leur point de vue était plus qu’optionnelle. 

Le genre Shôjo (ou manga « pour filles ») trouve pourtant petit à petit son public sous l’impulsion de quelques femmes mangaka, mais reste méprisé par la majorité des lecteurs.

Si les mangaka que je vous ai citées plus haut n’ont pas hésité à braver les préjugés pour imposer leur style et leurs histoires, certaines ont longtemps hésité à révéler leur genre. En effet, de nombreuses femmes mangaka ont choisi de se faire passer pour des hommes en se choisissant un nom de plume masculin et en refusant d’apparaitre en public. Pour quelles raisons ?

Harcèlement des lecteurs qui pensent qu’un manga destiné à un public masculin ne peut pas être écrit par une femme, préjugés de la part des éditeurs sur leurs capacités de travail, et même jugements portés par leur famille, leurs amis et la société japonaise de manière générale….

Eh oui, le métier de mangaka, très prenant, isolé et peu glamour, n’était (et n’est toujours pas) jugé comme un métier convenable pour une femme au Japon.

De nombreuses femmes mangaka dissimulent donc toujours leur identité en 2023. Ce serait notamment le cas de Koyoharu Gotouge (qui se représente sous les traits d’un alligator auprès du public), la mangaka du gros succès de 2020 : Demon Slayer.

une mangaka au travail
Midjourney


En tout cas, vous voilà prévenus, les femmes aiment le manga et sont prêtes à y consacrer leur vie ! Tant mieux ! L’impact du travail des femmes mangaka sur le manga contemporain est irréfutable. Celles-ci assurent une diversité de représentation et de points de vue qui est importante dans tous les arts.

Le monde du manga ne serait-il pas un peu fade si tous les personnages féminins ressemblaient à Sakura (du manga Naruto) ? D’ailleurs il y aurait beaucoup à dire sur la représentation des femmes dans les manga populaires, même ceux imaginés par des femmes. Il y aurait de la matière pour écrire un autre article complet !

Et vous, quelle est votre mangaka féminine préférée ? Si vous en connaissez de moins populaires, n’hésitez pas à partager leur nom en commentaire de l’article, cela permettra à la communauté (et à l’équipe) de les découvrir ! 🙏

Isabelle VANSTEENKISTE

Isabelle est journaliste au Japon depuis plus de 4 ans. Directrice éditoriale de Lepetitjournal.com Tokyo, un média pour expatriés français, elle travaille également comme freelance pour divers médias et a publié un thriller se déroulant au Japon : Kuro Neko.

2 commentaires

  • Avatar

    Tia

    Merci beaucoup pour cet article très intéressant !! Dans les femmes mangaka non citées que j’aime particulièrement il y a Kaori Yuki, autrice notamment d’Angel Sanctuary, mon grand émoi manga lorsque j’étais adolescente 😉

  • Avatar

    Alizée

    Très bon article ! Plusieurs des premiers mangas que j’ai lu étaient écrits par des femmes (Fruits Basket par Natsuki Takaya, Kimi wa Pet par Yayoi Ogawa), mais aussi le premier shonen que j’ai dévoré intégralement était Samurai Deeper Kyo, par Akimine Kamijyo. 🙂

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