histoires étranges de Lafcadio Hearn au Japon

Lafcadio Hearn : un écrivain étranger au Japon



À la fin des années 1800, un jeune homme originaire d’Irlande arrive au Japon. Il y passera le reste de sa vie, alternant l’enseignement de l’anglais et l’écriture. Son nom est Lafcadio Hearn et il est considéré par beaucoup comme le premier écrivain étranger « superstar » du Japon.

Comment Lafcadio s’est-il retrouvé au Japon ? Pourquoi est-il également nommé Koizumi Yakumo ? Quelles sont ses œuvres les plus marquantes ? Je vous explique tout dans cet article !

Les mille vies de Lafcadio Hearn

Lafcadio Hearn est né en Grèce en 1850 d’un père irlandais et d’une mère grecque. Il grandit à Dublin en Irlande, puis en Angleterre avant de déménager aux États-Unis à l’âge de 19 ans (un enfant placé sous le signe du voyage et de la diversité culturelle). Il commence alors à travailler en tant que journaliste pour divers médias, mais rédige également des essais et de la poésie. Dans chacun de ses écrits (sur le Bouddhisme, l’Islam, la littérature française ou russe, les sciences…) transparaît son intérêt pour le monde et pour les différences entre les peuples.
Ah oui, j’oubliais : Hearn apprend le français et traduit les œuvres de plusieurs auteurs français tels que Théophile Gautier et Gustave Flaubert. Un vrai petit touche-à-tout.

portrait de Lafcadio Hearn généré par Midjourney
Lafcadio Hearn d’après Midjourney


En 1887 il s’embarque pour les Antilles en tant que correspondant pour le Harper’s Magazine. Il y écrira plusieurs articles pendant les deux ans de son séjour ainsi qu’un roman. Je tiens à dire qu’Hearn n’était pas insensible à certains préjugés de son époque, qui parfois affleurent dans ces récits, malgré un travail dans l’ensemble très ouvert et en contradiction avec le racisme de son temps.

Vous allez me dire… mais quel rapport avec le Japon ? J’y arrive !

Lafcadio Hearn ou Koizumi Yakumo ?

En 1890, Hearn, toujours correspondant pour Harper’s Magazine, arrive au Japon. Il décide cependant rapidement de devenir instituteur. Il rencontre alors Setsuko Koizumi, issue d’une famille de samouraï (très haut rang social) et l’épouse en 1891. 

Portrait de Lafcadio et de son épouse



Ne pouvant se tenir loin d’une plume, Hearn rédige des articles sur sa nouvelle terre d’accueil, diffusés par The Atlantic Monthly et divers autres journaux aux États-Unis.

Bouddhisme, Confucianisme, sujets de société… ses écrits connaissent un grand succès, au Japon comme à l’étranger. Lafcadio Hearn est d’ailleurs considéré comme un des pionniers ayant permis aux Occidentaux de découvrir la culture japonaise. De 1896 à 1903, il devient professeur de littérature anglaise à l’université impériale de Tôkyô. Cette période, très prolifique, lui permettra d’écrire quatre livres portant sur les coutumes, la religion et la littérature japonaises. 

En 1895, l’irlandais prend la nationalité japonaise et le nom de Koizumi Yakumo. Koizumi (小泉) étant le nom de famille de sa femme et Yakumo (八雲), un prénom qu’il choisit, car il signifie « multitude de nuages » et fait écho à la région d’Izumo (出雲) dont vient son épouse.


Les œuvres de Lafciado Hearn 

Les articles réguliers que rédige Hearn sur le Japon ont été rassemblés dans deux volumes intitulés Glimpses of Unfamiliar Japan (Aperçus d’un Japon inconnu) et n’ont pas été, à ma connaissance, traduits en français. Il en va de même pour une grande partie de son travail.

des yokai effrayants comme dans les livres de Lafcadio Hearn



Lafcadio Hearn est également connu pour sa publication de contes surnaturels. Peut-on expliquer, par ses origines irlandaises, cet amour des revenants et des lieux hantés ? La plupart de ces histoires effrayantes lui auraient été rapportées par sa femme. Issues des contes de tradition orale, ils ont été compilés par l’écrivain dans l’un de ses livres les plus populaires : Kwaidan : Stories and Studies of Strange Things (怪談), publié en 1903 aux États-Unis. 

Certaines histoires tirées de Kwaidan furent d’ailleurs portées à l’écran par le réalisateur Masaki Kobayashi, qui remporta Prix spécial du jury au Festival de Cannes 1965.

Si Lafcadio Hearn vous intéresse, mais que vous ne parlez pas anglais, je vous conseille les éditions toutes récentes de ses Histoires de fantômes du Japon, illustrées par le talentueux Benjamin Lacombe.  

Et si vous visitez le Japon, vous pourrez aussi visiter certaines maisons où il a vécu, à Matsue et à Kumamoto, ainsi qu’un musée consacré à son travail.

Isabelle VANSTEENKISTE

Isabelle est journaliste au Japon depuis plus de 4 ans. Directrice éditoriale de Lepetitjournal.com Tokyo, un média pour expatriés français, elle travaille également comme freelance pour divers médias et a publié un thriller se déroulant au Japon : Kuro Neko.

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