devenir prof de français au Japon : bonne ou mauvaise idée ?

Devenir professeur de français au Japon

Comment travailler au Japon sans parler japonais ? Quand on suit un conjoint ou que l’on part sans qualification particulière, on renonce souvent à la possibilité d’un emploi stable dans son propre pays et aux revenus qui vont avec. Pourtant il n’est pas impossible de se faire une place au Japon et d’y trouver un emploi. 

L’une des premières idées qui viennent souvent aux personnes rêvant d’expatriation est celle de devenir professeur de langue. Alors, est-ce une bonne ou mauvaise idée ? À quoi s’attendre si l’on désire devenir professeur de français au Japon ? On voit ça ensemble dans ce nouvel article qui, j’espère, vous aidera à y voir plus clair.

Quel visa pour être professeur de français au Japon ?

Soyons honnêtes, les écoles de langue japonaises préfèrent recruter des personnes ayant déjà un visa et vivant sur place. Des personnes avec un visa époux (conjoint de Japonais) ou qui ont déjà un visa travail (délivré par une précédente école ou précédent emploi) par exemple. La raison en est simple : embaucher quelqu’un qui ne pourra pas forcément rester au Japon serait une perte de temps.

C’est un vrai risque pour une école que de recruter quelqu’un avec un visa de courte durée et de lui offrir un visa travail sans avoir eu le temps de vérifier sur plusieurs mois s’il était compétent ou non.

Si vous venez au Japon avec un visa étudiant ou un visa vacances travail et que vous souhaitez rester au Japon en tant que prof de français, alors je vous recommande de vous y prendre au plus vite pour chercher un emploi.

Pour maximiser vos chances d’être titularisé et de décrocher le visa travail tant convoité, le mieux est également de vous assurer que vous possédez les compétences requises.

Quel diplôme pour devenir prof de langue au Japon ?

Un diplôme n’est pas forcément obligatoire, mais il vous aidera grandement à vous distinguer d’autres potentiels professeurs de français.

Le mieux c’est d’avoir le diplôme du FLE (Français Langue Étrangère).

En tout cas, les Japonais n’embaucheront pas un professeur sans diplôme universitaire. Pour eux, cela serait bizarre d’avoir un prof non diplômé. Si vous n’avez pas fait d’études après le bac, il vous sera donc impossible d’enseigner le français directement en tant que professeur dans une école. Vous pouvez en revanche devenir assistant de langue auprès d’un professeur japonais (votre rôle est d’entrainer les élèves à la prononciation, etc.) ou professeur indépendant (mais attention, ne pas avoir de diplôme universitaire limitera probablement vos chances auprès des personnes plus âgées qui douteront de votre légitimité à enseigner).

diplôme de FLE pour enseigner le français au Japon



Comment devenir professeur de français au Japon ?

Pour devenir professeur de français au Japon, un diplôme est recommandé, mais il ne fait pas tout ! Un bon professeur doit être pédagogue et patient ! En tant que prof, vous allez répéter 1000 fois les mêmes choses, faire face à des baisses de motivations, etc. Vous devez faire en sorte de rendre l’apprentissage du français amusant. Vos élèves doivent passer un bon moment.

Vous devez aussi faire attention aux différences culturelles. Si vous êtes une personne ironique, adepte du second degré ou de la taquinerie, vous serez sans doute très mal vu par vos élèves. Le sens de l’humour japonais est très différent de l’humour français et le second degré totalement inconnu. Vous pourriez vite vexer quelqu’un et finir par vous mettre toute votre classe à dos.

Faites attention à votre présentation, surtout si vous êtes jeune. Le Japon est une société qui attache beaucoup d’importance au “paraitre”. Un adulte n’acceptera pas de se faire enseigner quelque chose par une personne qui semble trop immature. Si vous enseignez au sein d’une école, vous pourriez également être mal vu des parents d’élèves si vous portez des tenues (ou du maquillage, etc.) peu conformes à l’image attendue d’un professeur.
Même au moment du recrutement, votre présentation générale et votre politesse pourraient faire une grosse différence.

Trouver un travail depuis la France ou directement au Japon ?

Si vous le pouvez, je vous conseille de trouver un emploi de professeur avant de partir au Japon. De cette manière, vous arriverez l’esprit léger dans le pays. Évidemment, comme je l’ai déjà mentionné, la plupart des écoles préfèrent recruter des personnes vivant déjà sur place. C’est donc malheureusement l’option la plus difficile.

Vérifiez régulièrement les offres de postes publiées par les différentes écoles de langue ou par les institutions françaises au Japon. Vous pouvez aussi rejoindre un groupe Facebook dédié ou différents réseaux de recherche d’emploi spécialisés.

Si vous n’avez pas trouvé de poste avant votre départ, vous pouvez chercher sur place en postulant dans des écoles de langues, en postant une offre sur un site internet, etc. dès votre arrivée. Personnellement je vous conseille surtout de vous rendre aux évènements organisés par l’Ambassade de France, dans des bars fréquentés par des Français, de faire des meetup, bref, de vous tisser un réseau de connaissances qui facilitera votre intégration dans le pays, mais également vos recherches d’emploi. Le bouche-à-oreille est souvent plus efficace que des mails impersonnels envoyés à des recruteurs inconnus.

Même avec six doigts on peut devenir professeur de français au Japon.


Enseigner en école de langue ou travailler comme indépendant ?

Une école vous apportera une certaine sécurité, travailler en freelance vous permettra de cumuler d’autres activités en parallèle. Mais dans un cas comme dans l’autre, ne vous attendez pas à choisir vos horaires à votre convenance. Au début notamment, vous aurez à travailler le soir ou les week-ends. Vos cours auront lieu en fin de journée, lorsque vos étudiants (en tout cas les adultes) auront terminé le travail.

Ne pensez pas non plus bénéficier d’autant de congés qu’un professeur en France. Même les écoles de langue ne ferment qu’une fois ou deux dans l’année (pour le Nouvel An et la Golden Week ou pour O bon). Mais si vous désirez rester habiter au Japon, autant vous y faire, car la grosse majorité des Japonais sont logés à la même enseigne.

Professeur de français au Japon: quel salaire ?

Le salaire d’un professeur particulier indépendant et le salaire d’un professeur titulaire dans une université ou même dans une école de langue ne seront certainement pas les mêmes. Il est donc plutôt difficile de répondre à cette question. Cependant je peux vous le dire tout net : 

Ne pensez pas en vivre tout de suite. 

Si vous parvenez à vous faire embaucher dans une école de langue, on vous donnera au départ quelques remplacements, à peine quelques heures afin de voir comment vous vous débrouillez. De même, il y a fort à parier que vous ne parviendrez pas à décrocher suffisamment d’élèves en tant que freelance pour remplir votre planning de la semaine. Les revenus que vous tirerez de ces cours ne seront donc pas suffisants pour vous permettre de subvenir à vos besoins.

Vous pouvez soit vivre sur vos économies, soit travailler à mi-temps dans un autre domaine (restauration, etc.), soit enchaîner les remplacements ou contrats avec différentes écoles.

Une amie professeur de l’éducation nationale a suivi son mari à Tokyo et n’a pas pu avoir de travail à plein temps. Elle se contente actuellement de remplacements de congés maternité ou maladie qu’elle doit partager avec plusieurs autres personnes, et ce alors qu’elle est professeur diplômée. Ne pensez pas qu’on vous déroulera le tapis rouge à votre arrivée.

Un prof de japonais compétent


Conseils pour ceux qui souhaitent toujours devenir prof de français au Japon

Attention, dans l’esprit d’un Japonais, la langue française = France. J’en suis désolée pour nos amis Belges, Suisses, Canadiens, etc., mais si vous avez un accent qui n’est pas celui de la France métropolitaine, celui-ci peut se révéler rédhibitoire.

Je le disais plus haut, depuis la fin du Covid et la réouverture des frontières, de nombreux Français reviennent vivre dans l’archipel nippon. La concurrence pour devenir prof de français est donc plus forte qu’avant. Le mieux est sans doute d’accepter de vivre dans un coin plus isolé du Japon, là où vous n’aurez pas de rival ! Adieu Tokyo, bonjour la préfecture de Mie ! Le deuxième avantage est que tout sera beaucoup moins cher à la campagne. (Vraiment beaucoup.)

Je vous conseille évidemment d’avoir un bon niveau d’anglais, mais plus encore un bon niveau de japonais avant de vous lancer dans une recherche d’emploi dans ce domaine, pour toutes les raisons déjà vues dans cet article.

Votre niveau s’améliorera sans doute à force de fréquenter vos élèves, mais pour ne pas arriver complètement démuni, mieux vaut vous former pour acquérir les bases du japonais ou même le niveau JLPT4 (qui permet de soutenir une conversation du quotidien en japonais). 

En conclusion, je dirais que le projet de devenir prof de français au Japon n’est pas en soi une mauvaise idée, à condition de ne pas prendre ce projet à la légère et en ayant conscience des difficultés auxquelles vous serez confronté en arrivant dans le pays.

Si vous avez d’autres questions sur le sujet, n’hésitez pas à les poser en commentaire de cet article ! Les retours de ceux qui auraient déjà une expérience de professeur de français ou d’anglais au Japon sont bien sûr les bienvenus également.



Images de l’article générées avec Midjourney

Isabelle VANSTEENKISTE

Isabelle est journaliste au Japon depuis plus de 4 ans. Directrice éditoriale de Lepetitjournal.com Tokyo, un média pour expatriés français, elle travaille également comme freelance pour divers médias et a publié un thriller se déroulant au Japon : Kuro Neko.

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