Cela a fait le buzz à la télévision nationale japonaise : une bâche noire a été installée pour cacher une célèbre vue du mont Fuji couplée au konbini Lawson de Kawaguchiko. Derrière cet évènement surréaliste, un problème de fond auquel se confronte le pays depuis des années : le surtourisme dans la préfecture de Yamanashi.
Depuis la fin de la pandémie, l’afflux des visiteurs qui se pressent pour admirer la montagne sacrée a un fort impact sur l’environnement, mais aussi sur la vie des locaux. Eaux usées qui débordent, déchets jetés dans la nature, parkings bondés et pollution causée par les générateurs d’électricité… voilà ce qui attend la myriade de curieux venus admirer la montagne la plus emblématique du Japon.
Une campagne de sensibilisation et des mesures concrètes ont donc été mises en place pour lutter contre ce phénomène.
Ascension du mont Fuji : système de réservation mis en place en 2024
Un sentier Yoshida avec péage
Entre juillet et mi septembre, c’est l’ouverture des sentiers d’ascension du mont Fuji. Afin de limiter les problèmes qui découlent du surtourisme lié à cet évènement annuel très attendu, un système de réservation pour l’accès au sentier Yoshida, le chemin plus populaire et le plus facile jusqu’au sommet, a été mis en place ce 20 mai 2024.
Si vous souhaitez vous-même visiter le Japon cet été et admirer le lever de soleil depuis le sommet de la montagne, vous devrez alors réserver votre pass depuis le site officiel Fuji Climb.
Ce billet d’accès vous coûtera seulement 2 000 yens par personne, mais il vous sera possible de faire une donation de 1000 yens supplémentaire pour un fond de conservation du mont Fuji.
Une fois la procédure de réservation terminée, vous recevrez un email avec un QR code. Le jour de votre ascension, vous pourrez accéder au sentier Yoshida en présentant votre QR code au-dessus de la borne située à l’accueil de la cinquième station, on vous donnera alors un bracelet à porter pour attester de votre paiement.
⚠️ À noter : Les réservations sont acceptées jusqu’à 23h59 la veille de l’ascension et les paiements peuvent être effectués pour jusqu’à 100 personnes en une seule transaction. Sans doute pour permettre aux agences et aux guides de réserver les places pour leurs groupes de grimpeurs.
Attention, les places ont été limitées à 4000 par jour. Comme cette procédure est nouvelle, il est possible que les places soient prises d’assaut très vite. Je vous suggère donc de ne pas vous y prendre trop tard si vous souhaitez grimper le Fuji pendant l’été. Je n’hésiterais pas à mettre cet article à jour en fonction des retours de la préfecture après l’été.
Il a été indiqué que s’il restait des places, alors il serait possible pour les voyageurs de venir directement et de payer leur accès au guichet de la 5e station, celle où démarre le sentier Yoshida. À voir si dans les faits cela sera possible. Si jamais vous tentez l’expérience, je veux bien votre retour là-dessus, car moi, je ne pense pas que je grimperais le mont Fuji à nouveau !
Plus d’escalade nocturne d’une traite
Autre information très importante : finie l’escalade d’une traite ! Afin d’assurer la sécurité des grimpeurs, mais aussi celle des secouristes, l’escalade nocturne sans repos est découragée. De nombreux visiteurs qui décident de grimper au sommet d’une traite se retrouvent à mal supporter le manque d’oxygène brutal.
A partir de cette année, l’entrée du sentier sera donc fermée de 16h à 3h le lendemain matin. Seules les personnes ayant réservées un refuge dans la montagne pour dormir avant la dernière montée au lever du soleil seront autorisées à monter à ces horaires.
Trop de grimpeurs choisissaient en effet de monter et de redescendre le Fuji en une fois, parfois sous la pluie et surtout dans le froid, causant des accidents facile à éviter avec un peu de repos en refuge.
Mais ne vous inquiétez pas, il vous sera toujours possible de faire cet aller-retour sans repos dans la journée. Seule l’escalade de nuit sans réservation de logement est interdite.
Vous n’êtes d’ailleurs pas obligé d’emprunter le sentier Yoshida. Il existe au total quatre sentiers qui vous mèneront au sommet du Fuji. Cependant les trois autres sont plus longs et/ou plus difficiles à emprunter que le sentier Yoshida. À vous de voir !
Le chemin le plus paisible est celui de Gotemba, il est d’ailleurs recommandé sur le site officiel du mont Fuji aux sportifs et marcheurs confirmés qui savent s’équiper. En effet ce trajet compte peu de zones de repos et reste difficile d’accès aux secouristes en cas de problème de nuit.
Un projet de transformation du mont Fuji sur le long terme
Le système de réservation mis en place devrait améliorer les conditions d’ascension du mont Fuji, mais la préfecture envisage un plan d’action à plus long terme pour modifier en profondeur la zone et ses accès.
Afin de recréer un environnement plus naturel, la préfecture veut limiter le nombre de visiteurs en interdisant l’accès au Fuji en véhicule privé et même en bus. À la place une ligne de train serait construite, desservant la 5e station et limitant ainsi le nombre d’arrivées sur les lieux. Cette ligne permettrait également de conserver un accès à la montagne ouvert toute l’année. Si aujourd’hui les routes enneigées sont fermées pour l’hiver. Une ligne de train ouverte toute l’année serait un moyen supplémentaire de prévenir le surtourisme estival.
Cependant, l’idée semble créer un débat parmi les locaux puisqu’un groupe de citoyens a demandé l’arrêt du projet de construction qui, pour eux, nuira bien plus à la nature que le tourisme actuel.
En tout cas, que vous décidiez d’aller voir le mont Fuji ou non durant votre séjour, n’oubliez pas que le pays regorge également, d’autres montagnes magnifiques et de paysages splendides et beaucoup moins connus à découvrir sans se marcher dessus ! ?
2 commentaires
Stephany
Merci pour cet article très détaillé sur l’ascension du Mont Fuji en 2024 ! Les nouvelles mesures de réservation semblent vraiment nécessaires pour préserver la beauté et l’intégrité de la montagne. Je suis curieux de voir comment cela va influencer l’expérience des grimpeurs cet été.