Un yĆ“kai mignon, mais comment est-ce possible ? Quand on Ć©voque ces crĆ©atures issues du folklore japonais, c’est plutĆ“t dans un contexte nĆ©gatif. Surtout lorsquāon regarde les deux kanji qui composent le terme :
- å¦ Ā« yĆ“ Ā» : pour Ā« ensorcelant Ā», Ā« calamitĆ© Ā» ;
- ęŖ Ā« kai Ā» : pour Ā« spectre Ā», Ā« apparition Ā».
VoilĆ , quand on lit cela, ce nāest pas trĆØs rassurant. Pourtant, saviez-vous quāil nāexiste pas que des bestioles viles et assoiffĆ©es de sang ? En effet, avec tout ce qui a Ć©tĆ© recensĆ©, et selon les rĆ©gions, il y en a forcĆ©ment qui ne peuvent pas ĆŖtre considĆ©rĆ©s comme des monstres, tellement ils sont adorables. PrĆ©parez vos bougies pour lāheure du bÅuf, nous voici partis pour un top 13 des yĆ“kai les plus mignons !
1. Le Tanuki, un yƓkai mignon et ventripotent
Tanuki (ēøććć¬ć) veut dire Ā« chien viverrin Ā» en japonais. Pour ceux qui ne savent pas Ć quoi cela ressemble, imaginez un raton laveur. Cliquez ici pour voir une photo de cet adorable boule de poils ?
Ćtrangement, cet animal est de la famille des canidĆ©s. Le yĆ“kai Tanuki est reprĆ©sentĆ© avec un ventre imposant, un chapeau de paille et une flasque dāalcool. Bon vivant, il ne refuse pas du bon sake (é
ććć) ou un dĆ©licieux repas.
Il est capable de se mĆ©tamorphoser. Cāest en effet plus simple pour tromper les humains, mĆŖme sāil apprĆ©cie leur compagnie. Il a un pouvoir encore plus… Ć©trange, dirons-nous : il peut changer la taille de ses testicules, et ces derniers peuvent servir dāarmes, de tambours et autres joyeusetĆ©s.
Le Tanuki nāest pas fonciĆØrement bon ou mauvais. En fait, cāest un yĆ“kai trĆØs humain dans son comportement : certains sont connus pour ĆŖtre trĆØs amicaux, dāautres des voleurs fourbes ou farceurs insatiables. Dans des temps anciens, on raconte que le Tanuki Ć©tait considĆ©rĆ© comme une divinitĆ©. Maintenant, il en est le messager, voire le gardien de certaines rĆ©gions. Il est trĆØs prĆ©sent dans la culture japonaise, et il nāest pas rare de le retrouver dans les magasins de souvenirs. Cāest un des yĆ“kai les plus mignons, et les touristes nāhĆ©sitent pas Ć en ramener un Ć la maison. Il faut bien avouer quāil a une bouille bien sympathique !
2. Le Kitsune, rusĆ© comme le renard quāil est
On est dāaccord pour dire quāun renard, cāest mignon. Et le Kitsune (ēććć¤ć) nāĆ©chappe pas Ć cette rĆØgle. Il peut se mĆ©tamorphoser, comme le Tanuki. Mais le Kitsune, bien quāen apparence adorable, est bien plus fourbe que son compĆØre. En effet, on rapporte de nombreux rĆ©cits oĆ¹ il sāest transformĆ©e en magnifique courtisane pour duper les hommes. Le pire, cāest que Ƨa marche trĆØs bien ! Souvent, lorsquāune femme Ć©tait trĆØs belle, mais vicieuse, on se doutait quāil y eĆ»t un Kitsune derriĆØre : soit une possession, soit une crĆ©ature vulpine qui sāĆ©tait transformĆ©e en humaine.
Ā« RusĆ© comme un renard Ā», cāest bien ce qui caractĆ©rise ce yĆ“kai, qui sait jouer des tours et arrive Ć retomber sur ses pattes, mĆŖme dans les situations les plus embarrassantes. Un Kitsune peut sāhabituer Ć la vie humaine jusquāĆ lāapprĆ©cier, au point de rester dĆ©guisĆ© toute sa vie, en fondant une famille, en trouvant du travailā¦
Comment savoir qui est un Kitsune et qui ne lāest pas ? En gĆ©nĆ©ral, vous pouvez leur faire boire de lāalcool. En Ć©tant saoul, il se peut quāil se trahisse lui-mĆŖme, car il contrĆ“le moins sa transformation : une queue, des crocsā¦ Oups, la gaffe ! Les Kitsune ont Ć©galement une peur bleue des chiens. Alors si la personne sāenfuit en voyant cet animal, ou que votre ami Ć quatre pattes sāagite en la prĆ©sence de cet Ā« humain Ā», vous avez peut-ĆŖtre affaire Ć un renard, qui sait ?
Le Kitsune est aussi connu comme Ć©tant un messager, particuliĆØrement pour Inari (ēزč·ćććŖć), dĆ©esse du riz. Cāest un protecteur trĆØs adulĆ©. Cāest pour cela quāau Fushimi Inari, vous pourrez retrouver dāadorables statues en pierre de ces crĆ©atures, ainsi que tous les petits souvenirs mettant en vedette ce yĆ“kai mignon.
3. Les Kodama, les esprits de la forĆŖt
Kodama (ęØéććć ć¾) veut dire Ā« esprit de la forĆŖt Ā». Deux autres orthographes lui sont connues : ęØé et č°ŗ. Elles se prononcent toutes de la mĆŖme faƧon. Les esprits de la forĆŖt, on peut les imaginer comme on veut : invisibles, minuscules, avec des feuilles, etc. Dans diffĆ©rents rĆ©cits, on le dĆ©crit comme un yĆ“kai prenant diffĆ©rentes formes : ils pourraient se transformer en spectre, renard, dĆ©mon, et mĆŖme humain. Mais la reprĆ©sentation la plus connue est sĆ»rement celle dans Princesse Mononoke (ćć®ć®ć姫ććć®ć®ćć²ć) du Studio Ghibli. Les petits sylvains sont carrĆ©ment les mascottes de cet anime. Ils ressemblent Ć des humanoĆÆdes minuscules et translucides, qui dodelinent de la tĆŖte Ć longueur de journĆ©e. En plus, ils sont absolument inoffensifs, ils ne sont que spectateurs. Sous cette forme, on peut vraiment dire que ce sont des yĆ“kai trĆØs mignons !
Ils sont vus comme des divinitĆ©s sylvestres, et si lāarbre dans lequel ils vivent est coupĆ©, le responsable sera maudit. Les arbres habitĆ©s par des Kodama sont facilement repĆ©rables grĆ¢ce Ć une corde sacrĆ©e, le shimenawa (ę³Øé£ēøććććŖć). Il y a des torsades de paille de riz dessus. Ce sont dāailleurs ces mĆŖmes cordes que lāon retrouve autour des sanctuaires et dont je parle un peu plus en dĆ©tails dans cette vidĆ©o.
4. Le Kasa-obake, le parapluie farceur
Le Kasa-obake (åćåćććććć°ć) est tout simplement un parapluie ou une ombrelle qui a pris vie. ChaussĆ© dāune geta Ć une dent, il est unijambiste, cyclope et tire la langue. Cette apparence trĆØs comique lāest dāautant plus, car il se dĆ©place en sautillant Ć cause de sa seule jambe ! Il est trĆØs rare quāil en ait deux. Il doit ĆŖtre sĆ»rement lāun des monstres prĆ©fĆ©rĆ©s des Japonais, parce quāil est souvent reprĆ©sentĆ© dans les illustrations de yĆ“kai. Ses apparitions remontent Ć lāĆ©poque oĆ¹ TĆ“kyĆ“, anciennement Edo, est devenue la capitale du Japon. Il fait partie de la famille des Tsukumogami (ä»åŖē„ćć¤ććććæ) : ces objets ont la particularitĆ© de devenir vivants Ć partir de leur centiĆØme anniversaire. Faites donc attention Ć toutes ces vieilles babioles que vous avez stockĆ©es dans votre grenier, il pourrait y en avoir une qui commence Ć sāanimer…
PlutĆ“t farceur, mais pas mauvais au fond, le Kasa-obake aime surprendre les humains. Il adore apparaĆ®tre derriĆØre eux, et les lĆ©cher au visage, comme un petit toutou. Chacun son hobby ? On raconte que lors de nuits de fortes pluies, il sāamuse Ć faire envoler les personnes quāil croise sur sa route. Pas trĆØs cool, mais son petit air espiĆØgle et sa dĆ©marche maladroite font de lui un des yĆ“kai les plus mignons du folklore japonais !
5. Les Koropokkuru, le peuple lutin des AĆÆnous
Issus du folklore aĆÆnou, donc de HokkaidĆ“ (åęµ·éćć»ć£ććć©ć), les Koropokkuru (ć³ććććÆć«) sont des petits ĆŖtres gĆ©nĆ©reux qui adorent pĆŖcher et chasser. Ils seraient sur ces terres depuis bien avant les humains. Ces lutins entretenaient dāailleurs une relation assez Ć©troite avec le peuple aĆÆnou. Ils leur offraient souvent des poissons, de la viande, des jeux. Ils leur auraient mĆŖme enseignĆ© lāart du tatouage. Mais ils nāaimaient pas ĆŖtre vus, cāest pour Ƨa que lorsquāils apportaient des prĆ©sents, ils le faisaient uniquement la nuit. Ils aidaient aussi les voyageurs perdus Ć retrouver leur chemin.
NĆ©anmoins, ce qui devait arriver arriva : un jeune homme voulut savoir Ć quoi ressemblait ce peuple. Il se cacha alors prĆØs de lāendroit oĆ¹ les petites crĆ©atures dĆ©posaient les cadeaux. Lorsque lāoccasion se prĆ©senta, il se saisit dāune dāentre elles, et lāemmena Ć lāintĆ©rieur de sa maison. TrĆØs Ć©nervĆ©e par le comportement du jeune AĆÆnou, les Koropokkuru dĆ©cidĆØrent de quitter HokkaidĆ“. On raconte quāon peut retrouver des restes de leur civilisation Ć HokkaidĆ“.
6. Le KijimunĆ¢, lāesprit du bois dāOkinawa
Couvert de poil, le KijimunĆ¢ (ććøć ćć¼) est un yĆ“kai dāOkinawa (ę²ēøććććŖć). Il ressemblerait Ć un enfant de bas Ć¢ge avec des cheveux rouges et une grosse tĆŖte. Cāest un esprit du bois qui vit dans des arbres gĆ©ants et vieux, parfois considĆ©rĆ© comme lāĆ©quivalent OkinawaĆÆen du Kodama. Il est aussi un pĆŖcheur professionnel. On peut savoir quāun KijimunĆ¢ sāest nourri dans les environs, car il ne consomme quāun seul Åil du poisson attrapĆ©. Pourquoi cette partie uniquement ? On ne sait pas vraiment. Vous pouvez rĆ©cupĆ©rer le reste : une bonne flatterie et le tour est jouĆ©. Devenir son ami serait soi-disant facile. Si vous y parvenez, il vous aidera Ć la pĆŖche, et peut-ĆŖtre mĆŖme Ć devenir riche ! Par contre, ne lui offrez pas de poulpe, il dĆ©teste Ƨa, et mettra fin Ć toute relation. Si vous lui faites une promesse, tenez-la, sinon il se vengera…
Le KijimunĆ¢ sait se montrer farceur : il vole le feu des lanternes la nuit et aime effrayer les animaux. Dāailleurs le feu, parlons-en ! Il semble liĆ© Ć cette crĆ©ature. Il est dit quāil allume ce feu lors du Ā« Jour des yĆ“kai Ā», pour annoncer lāĆ©vĆ©nement. Un feu sur le toit dāune maison serait un mauvais prĆ©sage, ainsi que lāÅuvre dāun KijimunĆ¢.
7. Le Haradashi, ce yƓkai qui vous veut du bien
Vous vous sentez dĆ©primĆ© ? Vous nāarrivez pas Ć retrouver le sourire ? Cāest lĆ que le Haradashi (č ¹åŗćććÆćć ć), Ā« celui qui montre son ventre Ā», apparaĆ®t pour vous faire redonner goĆ»t Ć la vie ! Alors soyons clairs : ce yĆ“kai nāest pas mignon dans son apparence, mais dans son comportement. En effet, son passe-temps favori, cāest dāamuser la galerie. Et surtout les personnes qui sont malheureuses. Normalement, il prend lāapparence dāun humain, mais lorsquāil trouve sa cible, il rĆ©vĆØle sa vraie nature. On le dĆ©crit comme un torse avec un visage comique sur le ventre. Cāest un bon vivant, il ne dira jamais non Ć du bon sake, comme le Tanuki. Lāautre activitĆ© favorite du Haradashi, cāest de danser de maniĆØre grotesque, afin de faire rire la personne dĆ©sespĆ©rĆ©e. Il aide donc Ć Ć©vacuer tout le stress, et Ć vous sentir mieux.
On raconte aussi quāil habite de vieux temples quāil a choisi comme domicile. Il y convie ceux qui sont dans le besoin. Au programme : une chambre bien chaleureuse, un dĆ©licieux repas, et une bonne dose de rire ! Ce yĆ“kai doit sĆ»rement ĆŖtre lāun des rares reprĆ©sentant de ces crĆ©atures qui vous veut autant de bien.
8. Le TƓfu KozƓ, un yƓkai mignon qui livre du tƓfu
Le TĆ“fu KozĆ“ (č±č å°å§ććØććµććć) Ā« lāenfant au tĆ“fu Ā», ressemble Ć un bambin qui transporte du tĆ“fu sur un plateau. La seule diffĆ©rence, cāest que ses pieds nāont que deux orteils chacun, avec des ongles crochus. Il porte un chapeau de pluie, et semble errer dans les villes lorsquāil pleut. Dāun naturel timide, il nāosera pas embĆŖter un humain. En fait, il sert souvent de laquais pour des yĆ“kai Ā« supĆ©rieurs Ā» qui adorent se moquer de ce pauvre TĆ“fu KozĆ“, quāils considĆØrent comme faible. Tout Ƨa parce quāil est inoffensif et trop mignon. Le pire dĆ©lit quāil puisse commettre, cāest de vous suivre la nuitā¦ pour ne faire absolument rien. Effrayant, nāest-ce pas ? Attention toutefois Ć ne pas manger son tĆ“fu, mĆŖme sāil semble dĆ©licieux au premier abord. Avis aux gourmands ou curieux : de la moisissure pousserait dans votre corps et vous tuerait.
Cette crĆ©ature apparut assez tardivement dans le folklore japonais, Ć une Ć©poque oĆ¹ le tĆ“fu Ć©tait un met trĆØs populaire, car peu cher et nourrissant. Certains racontent quāil sāagirait dāune mascotte crĆ©Ć©e par les commerƧants de ce temps rĆ©volu. Apparemment, des illustrations montraient Ć©galement des Kappa ou des Tanuki transportant du TĆ“fu. Peut-ĆŖtre que les remplacer par un petit yĆ“kai plus mignon et humanoĆÆde leur aurait rapportĆ© plus de commandes ?
On note des similaritĆ©s dans son apparence avec le Hitotsume KozĆ“ (äøć¤ē®å°å§ćć²ćØć¤ćććć), Ā« lāenfant Ć un Åil Ā». Ce dernier est pourtant bien moins sympathique que son confrĆØre. Il adore effrayer les humains dans les ruelles sombres et rĆ©pondre par un audacieux Ā« ta gā¦ Ā» aux passants qui oseraient lui faire une remarque. Il est aussi bien plus ancien que le TĆ“fu KĆ“zo.
9. Le Zashiki Warashi, la fortune dans votre maison
Le Zashiki Warashi (åŗ§ę·ē«„åććććććć) est un esprit de la maison. Le Ā« zashiki Ā» (åŗ§ę·ćććć) est une piĆØce traditionnelle oĆ¹ lāon reƧoit les invitĆ©s, et le terme Ā« warashi Ā» (ē«„åćććć) dĆ©signe un enfant dans la langue ancienne. On reprĆ©sente donc ce yĆ“kai sous les traits dāun jeune enfant rougissant, en gĆ©nĆ©ral. PlutĆ“t adorable, non ?
Sa petite particularitĆ© est dāapporter la fortune dans le domicile. Par contre, sāil venait Ć partir, un malheur sāabattrait sur la famille.
Seuls les propriĆ©taires de la maison et les enfants peuvent voir le Zashiki Warashi. Et il se comporte comme un vĆ©ritable bambin, dāailleurs. Cāest-Ć -dire que les farces sont comprises avec la bonne fortune. Cāest pour la bonne cause, dira-t-on. Alors si vous entendez des petits pas, des feuilles de papier qui se froissent, voyez des empreintes de la taille dāun enfant, vous avez peut-ĆŖtre cet esprit chez vous. Dans ce cas, cāest bon signe. Ou sinon votre maison est hantĆ©e par autre chose. Mais lĆ , cāest une autre histoireā¦
En plus dāĆŖtre de bon augure, il aime bien les enfants et offre une compagnie pour les couples qui ne peuvent pas Ć en avoir. Le meilleur moyen pour le garder chez soi est de le considĆ©rer comme son propre enfant. Vous pouvez tout Ć fait lui offrir des friandises, il en raffole. Cāest un yĆ“kai tout mignon (que ce soit en comportement ou en apparence) que tout le monde souhaiterait vraiment avoir dans sa maison !
10. Amabie, la sirĆØne prophĆ©tesse
LāAmabie (ć¢ćććØ) est souvent reprĆ©sentĆ© avec de longs cheveux, un bec dāoiseau et trois queues de poisson : une sorte de sirĆØne, en somme. Il Ć©merge de la mer pour annoncer une bonne rĆ©colte ou une terrible Ć©pidĆ©mie. Puis il replonge dans les fonds marins en attendant la prochaine prophĆ©tie. Sāil y a une pandĆ©mie de prĆ©vue, le yĆ“kai ordonne de montrer un dessin le reprĆ©sentant au peuple pour Ć©viter quāil ne soit contaminĆ©.
LāAmabie est ressorti des mĆ©andres du folklore japonais suite Ć la crise du coronavirus. Un challenge est en effet apparu sur les rĆ©seaux sociaux : Ā« #AMABIEchallenge Ā». Le principe est simple : les gens dessinent et postent leur petite sirĆØne japonaise, afin quāun maximum de personnes puissent ĆŖtre protĆ©gĆ©es de la pandĆ©mie, comme le veut la lĆ©gende. Mais sa reprĆ©sentation ne se limite pas quāĆ lāillustration : des masques, des sushis, des biscuits Ć son effigie sont conƧus pour limiter lāĆ©pidĆ©mie. Comme sāil sāagissait de talismans. Par ailleurs, le ministĆØre de la SantĆ© du Japon lāa mĆŖme adoptĆ©e comme mascotte lors de ses campagnes contre la Covid-19. Donc, au-delĆ des croyances, Amabie sert de rĆ©confort Ć la population. Certaines personnes le considĆØrent dāailleurs comme une divinitĆ© du fait de ses pouvoirs de prĆ©dilections et de protection. Cāest un yĆ“kai particuliĆØrement mignon, symbole dāespoir.
11. LāAzukiarai, un fan discret dāharicots
LāAzukiarai (å°č±ę“ćććććććć), le Ā« laveur dāazuki Ā» est un yĆ“kai que vous pourrez entendre dans les montagnes, prĆØs des cours dāeau. En lavant ses haricots azuki, il fait un bruit singulier : Ā« shoki shoki Ā». Pourquoi ces fayots en particulier ? On dit quāils sont souvent utilisĆ©s lors des cĆ©rĆ©monies.
Pour le peu de personnes lāayant vu, il ressemblerait Ć un vieil homme, avec des grandes mains dotĆ©es de 3 doigts chacune. En plus de son activitĆ© favorite, il adore chantonner quelque chose dāassez lugubre : Ā« Devrais-je laver mes azuki ? Ou devrais-je attraper un humain pour le dĆ©vorer ? Ā».
On raconte quāil aurait laissĆ© en cadeau du sekihan (赤é£ÆććććÆć), Ā« riz aux azuki Ā», chez des paysans qui se mariaient. Ces derniers ne pouvaient pas sāen offrir, car ils Ć©taient pauvres. Avant la cĆ©rĆ©monie, le futur mari avait entendu le bruit caractĆ©ristique de ce yĆ“kai, comme des haricots quāon lavait.
Ā« Je suis tombĆ© dans lāeau, cāest la faute Ć ā¦ lāAzukiarai ! Ā» Car lorsquāon entend son chant, on a tendance Ć glisser et plouf ! Le bruit de chute dans la riviĆØre ferait fuir lāAzukiarai, qui est dāune nature timide et fait tout pour rester discret. Cāest pour Ƨa que le voir est trĆØs rare. Si vous y arrivez, cela vous porterait bonheur. Il est donc parfaitement inoffensif. Il ne fait que laver ses fayots, aprĆØs tout.
12. Le Kirin, une divinitƩ parmi les yƓkai
Le Kirin (éŗéŗćććć) est une crĆ©ature chimĆ©rique importĆ©e de la mythologie chinoise. Il apparaĆ®t aussi dans de nombreuses lĆ©gendes dāAsie de lāEst. Il ressemble Ć un daim avec une tĆŖte de dragon, une queue de bÅuf, parfois une criniĆØre flamboyante et une corne. On ne le voit presque jamais, et mĆŖme si sa description peut paraĆ®tre farfelue et terrifiante, il est trĆØs gentil et majestueux. Il ne mange aucune chair. Lorsquāil marche sur lāherbe, il ne lāĆ©crase pas de ses superbes sabots. Cāest la personnification de la puretĆ©, de la bontĆ©, mais aussi un symbole de justice et dāharmonie. Il a du respect envers toutes les vies ! Pouvant cracher un feu sacrĆ©, il nāouvrira cependant pas les hostilitĆ©s en premier. Apparemment, on peut le voir lĆ oĆ¹ les gens sont bons, et que les dirigeants sont justes. Ce yĆ“kai a un statut divin, celui qui lāaperƧoit est un sacrĆ© veinard. Au VIIIe siĆØcle, on aurait soi-disant trouvĆ© des restes de la fabuleuse crĆ©ature sur une montagne. Imaginez lāexcitation de la population Ć cette Ć©poque qui pensait avoir dĆ©couvert le squelette dāun Kirin !
Saviez-vous quāon utilise le terme Ā« kirin Ā» pour dĆ©signer les girafes ? Leure carrure rappellerait celle du yĆ“kai, dit-on. Il est Ć©galement le symbole de la cĆ©lĆØbre biĆØre japonaise Ć©ponyme.
13. Baku, le gardien des rĆŖves
Une bĆŖte se faufile prĆØs de votre lit lorsque vous dormez. Tapie dans les ombres et lāair mauvais, elle semble vous guetter, prĆŖte Ć bondir au moindre bruit… Pourtant, ce nāest pas ce que vous croyez. Comme Kirin, Baku (ēćć°ć) est une crĆ©ature chimĆ©rique venant de Chine. Son corps est celui dāun ours, qui est tachetĆ© comme le pelage dāun lĆ©opard. Sa tĆŖte nāest pas des plus sympathiques : une trompe et des dĆ©fenses dāĆ©lĆ©phant, des petits yeux de rhinocĆ©ros, et des crocs. Ses pattes puissantes rappellent celles dāun tigre.
Son hobby ? Manger les rĆŖves. Enfin plutĆ“t les mauvais. Parce que oui, mĆŖme sāil paraĆ®t monstrueux, Baku est en fait un gentil yĆ“kai, qui protĆØge la santĆ© mentale des humains. Pour oublier son cauchemar, on rĆ©pĆ©tera 3 fois Ā« Je le donne Ć Baku. Ā». Et pouf, disparue lāangoisse nocturne ! Cette crĆ©ature Ć©tait tellement rĆ©vĆ©rĆ©e avant, que le grand seigneur de guerre Toyotomi Hideyoshi (č±č£ē§åććØććØćæć²ć§ćć, 1537 – 1598) gardait un dessin de Baku prĆØs de lui lorsquāil dormait. En plus dāĆŖtre le gardien des rĆŖves, il repousse aussi les mauvais esprits et les maladies. On raconte que lors de sa conception, les dieux lāont crĆ©Ć© Ć partir de ce quāil leur restait (rupture de stock dāanimaux), ce qui donna lāapparence farfelue quāon lui connaĆ®t maintenant. Et en plus, il serait le favori de ses crĆ©ateurs. Comme quoi, on peut ĆŖtre adorable sans pour autant ĆŖtre beau !
Un yĆ“kai peut donc ĆŖtre une crĆ©ature terrifiante comme totalement mignonne. Comme il sāagit de monstres folkloriques, lāimagination de chacun contribue Ć leurs apparences, dāoĆ¹ la diffĆ©rence notable entre leurs illustrations. En plus, nombre de yĆ“kai ont un caractĆØre plutĆ“t humain. Cāest pour Ƨa quāils ne sont pas tous entiĆØrement mauvaisā¦
Quel yĆ“kai trouvez-vous le plus mignon ? Connaissez-vous dāautres crĆ©atures issues du folklore japonais qui sont tout aussi adorables ?
Pour complƩter votre soirƩe frisson, je vous recommande de lire ces 5 lƩgendes du Mont Koya !
Et pour aller plus loin dans la dĆ©couverte des yĆ“kai japonais (plus ou moins mignons), je vous conseille de vous procurer le Dictionnaire des yĆ“kai de Shigeru Mizuki, une rĆ©fĆ©rence en la matiĆØre ! Le manga/anime Gegege no KitarĆ“ est Ć©galement idĆ©al pour mieux comprendre ces crĆ©atures en tout genre.
Note : l’illustration d’en-tĆŖte de l’article est un Kappa dessinĆ© par l’artiste Poncho. Bien que cette reprĆ©sentation soit absolument adorable, nous n’avons pas intĆ©grĆ© le kappa au Top 13 des yĆ“kai les plus mignons car l’histoire du shirikodama n’est pas si kawaii que Ƨa ?
Article Ć©crit par LeĆÆla Casarin & Sophie Thomas
CrĆ©dits illustration d’en-tĆŖte : Ponchou.net
8 commentaires
Carole
Alors lĆ Sophie je dĆ©couver totalement et j’avoue que c’est intriguant !
Est-ce que ce genre de personnages est ce qu’on retrouve aussi dans certains mangas que regarde mon fils ?
Et au Japon, comment sont Ā«Ā utilisĆ©sĀ Ā» ces personnages ? Est-ce qu’ils sont invoquĆ©s dans des priĆØres ou autre ?
Que de questions mais je suis totalement novice !
Belle journƩe,
Carole
Sophie - Cours de Japonais
Salut Carole ! DĆ©jĆ je suis ravie de t’avoir fait dĆ©couvrir quelque chose aujourd’hui š
On retrouve les yƓkai dans la vie quotidienne au Japon, notamment dans les manga et anime oui (notamment Yokai Watch et Gegege no Kitaro), mais aussi plus globalement dans la culture en gƩnƩrale (pub TV, logos, croyances locales, etc).
La majoritĆ© des yĆ“kai ne sont pas bienveillants donc on Ć©vite de les invoquer dans des priĆØres, sauf quelques uns comme Baku dans l’article (il vient manger tes cauchemars si tu l’invoques, plutĆ“t sympa !).
Carole
Merci Sophie pour ta rƩponse,
Je comprends mieux certains aspects des animĆ©s que regardent mon fils. Je vais pouvoir l’Ć©pater !
ć¦ć ć©ć¤ć
Bonjour moi celui que j’aime bien cest åćē« bakeneko
nico
trĆØs chouette article avec de bonnes dĆ©ouvertes, certains me font penser aux dĆ©mons qu’on voit souvent dans les mangas, comme le tanuki qui est souvent reprĆ©sentĆ©.
Sophie - Cours de Japonais
Oui le tanuki est probablement le plus connu d’entre eux š
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